Retour au sommaire
  
  
Suivant
 

Le contexte des origines

Lorsque L. Daguerre vendit au gouvernement Français son invention en 1839, celle-ci était remarquablement au point. Même l’optique avait été soigneusement choisie : le doublet adopté  [1] donnait des images fines et contrastées, malgré une ouverture et un champ d’image limités. Comme la surface sensible était elle-même peu impressionnable, les temps d’exposition atteignaient un quart d’heure en plein soleil. Toutefois le résultat était tellement étonnant que l’on passa dans un premier temps sur cet inconvénient. L’ignorance et la crainte de mettre en péril le résultat encourageaient à respecter scrupuleusement les matériels et modes d’emploi originaux préconisés. F. Arago ayant mis le procédé dans le domaine public, rapidement on chercha à raccourcir le temps d’exposition afin de pouvoir réaliser des portraits et des « instantanés ». Daguerre lui-même avait œuvré dans ce sens, et constaté que trois voies étaient exploitables : rendre la surface réceptrice plus sensible, augmenter la luminosité de l’objectif, ou mieux les deux.

Le premier point occupa tout d’abord les chercheurs de tous poils. Mais l’amélioration obtenue l’était aux dépends du brillant et du contraste de l’image finale. Il fallu des années pour décupler la sensibilité en conservant une image de qualité. Mais la sensibilité finale de la plaque demeurait assez imprévisible, car on ne savait trop quelles réactions chimiques et physiques étaient mises en jeu.

Le second point fut entrepris par deux voies différentes : empirique, avec les « objectif à verres combinés » de Ch. Chevalier, et mathématiques avec les calculs de J. Petzval.

Nicéphore Niépce s’était déjà avisé qu’à angle de champ égal, plus la focale de l’objectif était courte, plus l’objectif pouvait être lumineux sans perte appréciable de netteté  [2] . F. Talbot avait fait la même observation, et utilisait pour ses essais de calotypes, de minuscules chambres noires avec des objectifs de très grande ouverture relative  [3] . Mais J. Daguerre, peintre de formation, tenait à une image de taille suffisante pour pouvoir être exposée sur un mur, comme un tableau ou une gravure. Le choix de son format (« pleine plaque » soit 165 x 215 mm) était dicté par des considérations autant esthétiques que pratiques. Malheureusement, la focale exigée pour avoir une image nette jusque dans les coins avec un ménisque achromatique, même de faible ouverture relative, devait fatalement être relativement longue. Il retint un doublet achromatique collé  [4] de focale 500 mm environ, ayant une ouverture relative de f/15 employée pour le cadrage et la mise au point, et une ouverture de travail de l’ordre de f/30.

Figure 2 : Une des premières chambres daguerriennes.
http://www.museeniepce.com/show_full_image.php?reference=1994.53.2P01B.jpg

Pendant les premiers temps, la concurrence s‘ingénia à copier, puis tenter d’améliorer ce doublet, sans résultats marquants. Notamment, distorsion et astigmatismes ne pouvaient être supprimés simultanément. Il fallait trouver une autre solution optique. Deux chercheurs obtinrent quelque succès. L’un était opticien, et procéda semble-t-il par voie empirique, l’autre mathématicien, qui calcula avant de fabriquer. Le premier se nommait Charles Chevalier, le second Joseph Petzval.


[1] Nous possédons encore des objectifs « originaux » de Daguerréotype, et il est possible de les tester et de les analyser.

[2] Il ne faut pas oublier que les surfaces sensibles qu’il utilisait n’avaient qu’une faible résolution.

[3] On raconte qu’il employa même un objectif de microscope.

[4] Objectif de type Clairaut employé retourné.

 


Suivant