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Le collage du doublet arrière [38]

Le doublet arrière non collé avait incontestablement un avantage contre l’échauffement intempestif dans les lanternes de projection, mais il avait un inconvénient : il faisait perdre de la lumière et du contraste à l’image. En effet à cette époque, il n’était pas question de traitement anti-reflets. Chaque lentille réfléchissait environ 5% de la lumière qui lui parvenait  [39] . Cette lumière se reflétait à nouveau sur le verre précédent, et ainsi de suite  [40] , provoquant un voile non négligeable. Coller les lentilles permettait de gagner quelques pour-cents de lumière en plus, un meilleur contraste, et économisait un outillage très onéreux. De surcroît, comme une règle non écrite de l’époque disait « qu’un bon objectif ne devait pas dépasser quatre surfaces libres », cela rassurait le client potentiel.

Les deux surfaces centrales du doublet arrière et leur espacement jouent un rôle très important dans la correction des rayons obliques : le collage va réduire le champ utilisable. Un exemple typique des ces premiers essais est celui que calcula Zinker-Sommer  [41] , pour Voigtländer en 1877 :

Figure 29 : L’objectif à portrait de Zinker-Sommer chez Voigtländer [n°267]

On constate que l’objectif est globalement meilleur que l’original sans collage, tant au centre qu’au bord, mais le champ se réduit à une vingtaine de degrés. L’ouverture est revenue à f/3,5. Quant à la planéité, il faut mettre au point à environ 5f/1000 en avant du plan focal paraxial pour obtenir une image douce, mais assez homogène sur tout le champ.

En 1924, W. Repp proposa un objectif de ce type ouvert à f/2,2, bien corrigé au centre, mais toujours affecté d’une forte courbure d’image et d’une distorsion monumentale.

Figure 30 : Objectif de W. Repp, 1924 [n°439]

R. Richter, de chez Zeiss, porta l’ouverture à f/1,9, tout en diminuant sensiblement la distorsion. L’objectif est vraiment bon, même s’il présente des traces sensibles de chromatisme. L’image est auréolée d’un halo coloré visible.

Figure 31 . R. Richter, Zeiss, 1928 [n°443]



[38] Il ne faut pas confondre cette famille avec celle de l’Aplanat / Rectilinéaire, qui lui est contemporaine. Si ces objectifs comportent deux doublets achromatiques,  ils ne sont pas du tout fondés sur les mêmes principes.

[39] Cette proportion varie avec le degré de polissage du verre et son indice.

[40] Au bout de trois réflexions, la quantité de lumière devient infime, mais tout le reste se trouve plus ou moins étalé sur l’image.

[41] Un étonnant personnage, aussi connu pour ses travaux d’optique que comme musicien, compositeur et professeur. Un portrait bien enviable !


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