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Les brevets

Il fut très tôt pris des brevets tendant à protéger avant tout l’invention, c’est à dire le principe plus que l’objet lui-même. Mais protéger une idée, c’est aussi la divulguer, donc l’offrir en quelque sorte aux plagiaires dont on veut se protéger. Aussi le brevet va chercher à en dire le moins possible, tout en empêchant le détournement du concept. C’est un exercice dangereux. Si la revendication est trop vague, le brevet sera refusé pour inconsistance, et si elle est trop précise, la plagiat devient facile.

Bien souvent, la revendication jouera sur des jeux de nombres, des inégalités de constantes, ou des particularités de construction fortuites. Très rarement, le descripteur prendra la peine d’expliquer sa démarche ou ses sources d’inspiration. Il faut reconnaître à une firme comme Zeiss d’avoir été quasiment pédagogue dans certaines de ses revendications. Des calculateurs comme D. Taylor ou von Rohr n’hésiteront pas à disséquer leur invention, semble-t-il par pur altruisme. Mais ils sont l’exception.

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Figure 1 : Brevet américain d'un Aplanat de Steinheil

L’accession aux textes des brevets est une entreprise onéreuse et infiniment lente. Il est courant qu’une demande de copie coûte une dizaine d’Euro et n’arrive qu’au bout de plusieurs semaines, après encaissement. Heureusement depuis quelques années, les États Unis d’Amérique ont mis en ligne la totalité de leurs brevets, et ce gracieusement. L’Europe a commencé à en faire de même, mais elle traîne des pieds et seule une partie des brevets Allemands, Anglais et dans une faible mesure Français, sont actuellement en ligne.

Les brevets antérieurs à 1970 environ ne sont classés que par numérotation, indépendamment de leur contenu. La recherche ne peut donc se faire que par recoupement (un brevet fait parfois référence à un autre [3] ) ou par citation dans un texte.

Il reste bien sûr le parcours séquentiel d’un numéro à l’autre, si l’on a le temps et la patience [4] .

La chasse aux brevets peut être considéré comme un sport culturel au même titre que la généalogie ou l’étymologie, et elle apporte des joies similaires.


[3] Les brevets américains postérieurs à 1946 se doivent de faire référence aux brevets antérieurs traitant de la même question sous peine de plagiat.

[4] Il existe des « sommes » de brevets, mais à un prix dissuasif pour un particulier. Compte tenu du temps nécessaire à les réaliser, le prix s’explique. Par exemple Zebase coûte 400$ ht., et l’extraordinaire et exorbitant LensVIEW-INT 1900$ ...